Comment se pratique le jeûne ?

Quand on pratique un jeûne, il est nécessaire de boire au moins au minimum trois litres de liquide par jour
Quand on pratique un jeûne, il est nécessaire de boire au moins au minimum trois litres de liquide par jour © Getty – Guido Mieth

Est-ce dangereux de pratiquer un jeûne ? Pendant combien de temps doit-on le pratiquer ? Dans quelles conditions ?

Ali Rebeihi se penche dans Grand bien vous fasse sur une pratique qui se popularise : le jeûne thérapeutique. Pour en parler, il a invité Thomas Uhl, naturopathe, Michel Lallement, chirurgien cancérologue, et Thierry de Lestrade, auteur du documentair_e Le jeûne : une nouvelle thérapie ?_

Préparer le jeûne

Thomas Uhl rappelle qu’il est très important de préparer son jeûne en faisant une descente alimentaire : « On se prépare au moins cinq jours avant si c’est pour cinq jours de jeûne, trois jours avant si c’est pour trois jours de jeûne ».

Côté alimentation, on arrête progressivement : « On arrête notamment les excitants : café, thé, chocolat, tabac… Puis on met de côté les protéines animales, les produits laitiers et on continue en enlevant ensuite les céréales pour finir les deux jours avant de jeûner essentiellement avec des fruits et des légumes »

Côté boissons : en moyenne, l’être humain élimine trois litres d’eau par jour. Dans le quotidien, on considère qu’une moitié est apportée par les boissons et l’autre par l’alimentation. Quand on pratique un jeûne, il est nécessaire de boire au moins au minimum trois litres de liquide par jour : au moins un litre d’eau pure, et pour le reste, tisanes, eaux citronnées, bouillons de légumes…

Est-ce difficile ?

Le plus difficile est psychologique. C’est de décider d’arrêter de manger, et de penser qu’en arrêtant de manger on va être en pleine forme.

Thierry de Lestrade

Il ajoute : “Une fois ce cap franchi, vous rentrez dans le pays du manque. C’est vrai que c’est un peu difficile les trois premiers jours parce que le corps s’adapte. Vous allez passer d’une nourriture externe à une nourriture interne”.

En terme médical, ce moment est appelé la « crise d’acidose » : le cerveau a absolument besoin de glucose pour fonctionner, mais après 12 à 24 heures environ, l’organisme a utilisé tout son stock. Il va devoir puiser dans les protéines et les lipides pour en synthétiser : ce carburant du jeûne s’appelle les « corps cétoniques« .

C’est une période difficile, qui peut s’accompagner de migraines, de nausées… Après, ça va mieux – et même beaucoup mieux : le cerveau préfère les corps cétoniques au glucose, et va provoquer un état d’allégresse. « Cela explique en partie pourquoi les jeunes filles anorexiques se sentent si bien” note Thierry de Lestrade.

Comment jeûner ?

Il y a toutes formes de jeûne : simple journée de repos digestif, monodiète de quelques jours, jeûne prolongé et encadré… Pour le chirurgien cancérologue Michel Lallement, « ça dépend de ce qu’on a envie de faire avec ça : si on veut faire une pratique quotidienne, une cure… »

Quelque soit votre intérêt pour le jeûne, il est toujours recommandé d’en parler à votre médecin préalablement. Vous ne réagirez pas de la même façon si vous êtes en bonne santé ou sujet à l’hypoglycémie…

Thomas Uhl évoque diverses formes de jeûne :

  1. La journée de repos digestif. Selon Thomas Uhl, vous en sentirez immédiatement les bénéfices sur vos intestins. Le plus facile est de commencer un soir en supprimant le dîner, terminez le lendemain soir avec un dîner léger (par exemple une soupe et une salade).
  2. Le jeûne séquentiel : jeûner une fois par semaine, de 20h jusqu’au lendemain 13h.
  3. La monodiète (ou détox douceur) : un seul aliment est autorisé au cours de vos repas. Ce peut être des pommes, du raisin, du riz…Elle peut durer un à dix jours. En fonction de sa durée, sa fréquence dans l’année ne sera pas la même… Une monodiète d’un jour peut être répétée toutes les semaines. Une monodiète de trois jours tous les mois. En revanche il est déconseillé de faire plus de deux monodiète de cinq jours par an.
  4. Les diètes alternatives : par exemple une semaine sans gluten ni sucre
  5. Une semaine végétale : une régime diététique où les aliments doivent être 100% bio et ne contenir ni sel, ni gluten, ni soja.
  6. Le régime cétogène (mis au point en 1921 par le Dr Russell Wilder) : consommez très peu de sucre et beaucoup de graisse
"Durant le jeûne, il est très important de continuer une activité physique douce", note le naturopathe Thomas Uhl
« Durant le jeûne, il est très important de continuer une activité physique douce », note le naturopathe Thomas Uhl © Getty – coberschneider

Peut-on continuer à faire du sport ?

Selon Thomas Uhl, « il est au contraire très conseillé de continuer à pratiquer une activité physique douce : la marche, la natation, la gym… »

Il ajoute qu’il est « très important d’aller s’oxygéner boire et de marcher ; ainsi que de veiller ses intestins »